









Absolus. Let's get high!
€30.00 EUR
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« Christophe Beauregard est reconnu pour son approche conceptuelle et son exploration des identités contemporaines à travers le prisme de la société de consommation et des médias. » Carole Schmitz, L'Œil de la photographie
« Pour un rapprochement philosophique, littéraire, de l’imagination, de la création, dans un élan de non dualité vers la complémentarité » Brahim Saci à propos de l'œuvre de Paul Ardenne, Le Matin d’Algérie
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Présentation de l'ouvrage par Christophe Beauregard et Paul Ardenne au Festival de l'histoire de l'art, le 6 juin 2025 à 17h, château de Fontainebleau, cour des Offices.
Dédicace par Christophe Beauregard au Festival du livre de Paris, le 12 avril 2025 à 16h30, stand NC16.
Lecture par Paul Ardenne à la galerie Rue Française, le 25 septembre 2024 à 18h30, Paris 1er.
Dédicace par Christophe Beauregard à la librairie Actes Sud / Croisière, dans le cadre des Rencontres de la photographie d'Arles, le 4 juillet 2024 à 17h.
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Absolus. Let's get high!
Texte de Paul Ardenne
40 photographies de Christophe Beauregard
Postface de Solveig Placier
Collection « Rebonds »
96 pages
17 x 22,8 cm
Graphisme par Mathilde Quentin
Publication en 2024
ISBN 978-2-494113-01-5
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Les éditions Cinabre invitent Paul Ardenne et Christophe Beauregard à laisser libre cours à leur imagination à partir d’une œuvre d’art emblématique.
Monolithe de Gustav Vigeland (granite, parc Frogner, Oslo, daté 1929-1942) est le point de départ de leur processus créatif.
Devant ces corps d’hommes, de femmes et d’enfants s’agglutinant pour former colonne, dans un inexorable mouvement vers le haut, l’écrivain et le photographe ont décidé de fouiller la notion d’absolu et d’en dresser un tableau, à travers un essai et des photographies.
Ces deux œuvres créées indépendamment l’une de l’autre forment un diptyque au sein du livre.
Dans cet inventaire de nos rêves, quel sera le vôtre ?
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📖 Plongeant dans l’histoire, l'écrivain et historien de l'art Paul Ardenne explore la notion d’absolu dans ses dimensions physique, sportive, scientifique, politique, artistique, spirituelle, écologique, mais aussi totalitaire et pathologique, en convoquant de grandes incarnations de cette quête (Maurice Herzog et Louis Lachenal, Élisabeth Báthory et Thug Behram, Sarah Bernhardt et Frank Lloyd Wright ou encore Gilgamesh et Sisyphe) et en s’interrogeant : qu’est-ce qu’un absolu ? Qu’est-ce qu’il implique ? une question de valeur, d’échelle, de distance ? Quand y accéder ? Un « absolu moyen » existe-t-il ? C’est autant en écrivain qu’en essayiste et historien que Paul Ardenne tente d’y répondre.
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🎞️ Observant notre monde contemporain, Christophe Beauregard propose un kaléidoscope d’états absolus, photographiés en argentique et en numérique, au smartphone comme au moyen format. L’absolu est visible partout : moments de liesse, mise en scène de soi, jouissance sexuelle, vacances idylliques. Mais il se devine également dans des images dotées de références plus implicites : montagne Sainte-Victoire et pommes de Cézanne, transidentité, accident de prise de vue numérique. Christophe Beauregard cartographie nos fantasmes, qu’ils soient explicites ou plus secrets.
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📖 Deux premiers feuillets de l'essai Absolus :
« Dans son roman La Recherche de l’absolu (publié en 1834 dans ses Études de mœurs), Balzac développe ces thèmes classiques du romantisme, l’ambition démesurée, la tentative de battre la nature sur son propre terrain, la mégalomanie qui induit la faillite. Balthazar Claës, grand bourgeois de la ville de Douai, y est saisi par cette folie, à l’instigation d’un chimiste polonais de passage : transformer, en se faisant fort de le cristalliser, le carbone en diamant. Afin de devenir immensément riche. La suite se devine, bien dans l’ordre du pessimisme si cher au romantisme. Cette alchimie échoue, Claës ruine sa famille, il finira dans la peau d’un pauvre fou.
L’absolu prend des formes diverses, moins délirantes souvent que la tentative chimique avortée de Balthazar Claës : la confrontation avec un paysage aussi majeur que rare et réputé inapprochable ; la poursuite d’une aventure insensée ; une histoire d’amour qui défie toute logique et porte ses acteurs au pinacle de la sensation ; la réalisation d’une prouesse architecturale ou technique ; un grand geste jusque-là resté hors de portée.
L’origine du terme "absolu" donne le ton : absolutus, en latin, désigne ce qui est "détaché" et s’oppose à ce qui est relatif. L’absolu existe en soi indépendamment de tout le reste, il se suffit à lui-même. Dieu, pour les théologiens, est absolu. Pour les philosophes idéalistes, l’absolu est l’idée majeure, celle dont dérivent toutes les autres et qui les contient. Sa totalité, difficile à cerner, sa position, toujours excentrée par rapport au lieu où nous sommes et depuis lequel nous pensons, sa qualité, mariée invariablement au fantasme, font pour certains de l’absolu l’inaccessible même. Trop grand, trop haut, trop fort, trop lointain, inhumain donc.
Inhumain, l’absolu ? Peut-être pas tant que
cela. À force d’accommodements avec le lexique, et avec notre désir, nous avons
fini par rapprocher l’absolu de nous. L’absolu archaïque, celui des vieilles
sociétés, est un Graal : aucun des humains ordinaires que nous sommes ne
l’atteindra, ne le touchera, ne le fera sien. Le désir est frustré, de façon définitive.
Mais l’absolu moderne, lui, a diminué de taille. Le Graal, notre Graal, peut
consister dorénavant non plus en une quête invraisemblable, perdue d’avance,
mais en un objectif possible, même si atteindre cet objectif n’ira pas de soi. Il
n’est pas aisé d’entretenir une romance aussi inouïe que celle du tandem Elizabeth
Taylor-Richard Burton, un absolu de l’aventure amoureuse, mais pourquoi ne pas
croire l’affaire jouable ? On est atterré autant qu’émerveillé par tant de
majesté et de défi à la pesanteur, forcément, lorsqu’au-dessus du lac de
Constance, le 9 juillet 1900, s’élève le premier dirigeable géant du comte
Ferdinand von Zeppelin, un engin aux proportions si amples qu’elles médusent
notre œil : l’existence même de cet aéronef formidable, cependant, nous
assure qu’au prix d’efforts démesurés ce type d’absolu technique est
accessible. La Française Peggy Bouchet, en 1998, depuis les Canaries, se lance
dans la traversée de l’Atlantique à la rame et en solitaire. Dix heures
d’efforts par jour, quatre-mille kilomètres à couvrir, elle échoue et manque de
se noyer à quelques milles nautiques des Antilles. Qu’à cela ne tienne, Peggy
Bouchet remet le couvert dix-huit mois plus tard et, partie cette fois des îles
du Cap-Vert, elle atteint le 5 janvier 2000 la Martinique. Si cet exploit, un
effort sans pareil, n’est pas absolu, qu’est-il au juste ? Une
photographie longtemps attribuée à tort au sociologue américain Lewis Hines
montre une poignée d’ouvriers cassant la croûte assis sur une barre métallique
de gratte-ciel, pieds ballant dans le vide à deux-cents mètres au-dessus du
sol. Soit, il s’agit là d’une photographie de propagande orchestrée par les
patrons du Rockefeller Center alors en construction mais il n’empêche : ce
type de situation ahurissante touche l’absolu. Et que dire du premier voyage
dans l’espace de Youri Gagarine, du premier pas sur la Lune de Neil Armstrong, des
descentes sous-marines dans les profondeurs des Mariannes, à plus de dix-mille
mètres sous le niveau de la mer, de Jacques Piccard puis de Victor Vescovo ?
Le pilote de course automobile Kimi Räikkönen compte plus de trois-cent-cinquante
départs en Grand Prix, le champion de tennis Rafael Nadal comptabilise à son
profit vingt-deux Grand Chelem et quatorze titres à Roland-Garros. Lionel Messi pour
le football, Jesse Owens, Usain Bolt et Shelly-Ann Fraser-Pryce pour la course
à pied, Nadia Comăceni pour la gymnastique et Sonja Henie pour le patinage
artistique, Mohamed Ali pour la boxe, Jeannie Longo en cyclisme et Marie-José Pérec
en athlétisme, toutes ces championnes et tous ces champions, des humains sans
conteste, ont tutoyé l’absolu par leurs performances sidérantes... Oui,
l’absolu, dorénavant, peut être conquis. Il suffit pour cela d’être
exceptionnel. [...] »